L'avenir appartient à ceux qui construisent
bien
Bâtir des ponts culturels à travers la Méditerranée, un objectif lointain. Il en est du sens de notre démarche d'architecte, que de projeter toujours à long terme l'impact de nos décisions sur le paysage bâti de nos territoires. Je vois Marseille et les rives qui l'encerclent comme un territoire commun, dont les contours tiennent dans l'incertitude d'un climat et de son environnement changeant. Ici comme ailleurs, les seules certitudes de notre profession sont issues des leçons des villes séculaires et millénaires, où les traditions vernaculaires restent pour toujours des idéaux indépassables. La vieille ville d'Aix-en-Provence l'illustre jusque dans la plus fine de ses ruelles, comme une source inépuisable de bon sens.
Face à cela, l'architecte est dans une certaine obligation d'agir, de faire, d'adapter ce qui peut l'être aux réalités du monde. À Marseille comme ailleurs, les urgences du siècle dernier ont laissé dans la ville leurs stigmates. Formidables défis pour nos professions que de tenter de les réparer, avec l'humilité que notre siècle impose. Des formes architecturales et des matériaux me sont apparues dans mon jeune parcours comme de vrais alternatives à un monde constructif paralysé dans sa systématisation. J'ai la conviction que le bois et les techniques de surélévation
forment un merveilleux outil, qui pourrait s'adapter autant à nos villes traditionnelles qu'à leurs périphéries. J'ai aussi la certitude que ce mouvement doit être global : ressource, filière et savoirs-faire doivent se compléter, quitte à sacrifier certaines logiques de rentabilité.
Enfin, et dans la continuité de mes expériences professionnelles, je reste persuadé de l'importance d'une pratique du terrain, qui passe bien souvent par le chantier. C'est à mes yeux le meilleur
apport, qui permet de développer une vision pragmatique de la conception. Partant de
l'esquisse de cabanes perchées dans les arbres, jusqu'à la maîtrise d’œuvre d'un hôtel ancré sur sa falaise, j'ai pu retrouver des mécaniques étonnement similaires, qui nourrissent chacune cette envie de faire de chaque projet une mission complète. Des premiers traits sur le grammage d'un papier jusqu'au mouvements de grues déplaçant des tonnes d'acier, une communication
continue avec l'ensemble des acteurs, dont le nombre doit être un atout plus qu'un frein.